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"La vie est un conte de fées qui perd ses pouvoirs magiques lorsque nous grandissons."
(Robert Lalonde)<?xml:namespace prefix = o ns = "urn:schemas-microsoft-com:office:office" />
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L'incantation du loup
Les lourds rameaux neigeux du mélèze et de l'aune.
Un grand silence. Un ciel étincelant d'hiver.
Le Roi du Hartz, assis sur ses jarrets de fer,
Regarde resplendir la lune large et jaune.
Les gorges, les vallons, les forêts et les rocs
Dorment inertement sous leur blême suaire,
Et la face terrestre est comme un ossuaire
Immense, cave ou plat, ou bossué par blocs.
Tandis qu'éblouissant les horizons funèbres,
La lune, oeil d'or glacé, luit dans le morne azur,
L'angoisse du vieux Loup étreint son coeur obscur,
Un âpre frisson court le long de ses vertèbres.
Sa louve blanche, aux yeux flambants, et les petits
Qu'elle abritait, la nuit, des poils chauds de son ventre,
Gisent, morts, égorgés par l'homme, au fond de l'antre.
Ceux, de tous les vivants, qu'il aimait, sont partis.
Il est seul désormais sur la neige livide.
La faim, la soif, l'affût patient dans les bois,
Le doux agneau qui bêle ou le cerf aux abois,
Que lui fait tout cela, puisque le monde est vide ?
Lui, le chef du haut Hartz, tous l'ont trahi, le Nain
Et le Géant, le Bouc, l'Orfraie et la Sorcière,
Accroupis près du feu de tourbe et de bruyère
Où l'eau sinistre bout dans le chaudron d'airain.
Sa langue fume et pend de la gueule profonde.
Sans lécher le sang noir qui s'égoutte du flanc,
Il érige sa tête aiguë en grommelant,
Et la haine, dans ses entrailles, brûle et gronde.
L'Homme, le massacreur antique des aïeux,
De ses enfants et de la royale femelle
Qui leur versait le lait ardent de sa mamelle,
Hante immuablement son rêve furieux.
Une braise rougit sa prunelle énergique ;
Et, redressant ses poils roides comme des clous,
Il évoque, en hurlant, l'âme des anciens loups
Qui dorment dans la lune éclatante et magique.
Charles-Marie Leconte de Lisle (1818-1894)
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"A vivre au milieu des fantômes, on devient fantôme soi-même et le monde des démons n'est plus celui des étrangers mais le nôtre, surgi non de la nuit mais de nos entrailles."
(Antoine Audouard)
Un fragment d'une composition de jeunesse aux pastels sortie de mes tiroirs lors d'une nuit d'insomnie...
Je me souviens quand j'ai dessiné cela, il y a une éternité il me semble. Mais le spectre appartient toujours à la nuit.
Je vous l'offre en ce jour de grand soleil, avec mes sourires...
Ligeia
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"Au fond, c'est ça la solitude : s'envelopper dans le cocon de son âme, se faire chrysalide et attendre la métamorphose, car elle arrive toujours."
(Auguste Strindberg)<?xml:namespace prefix = o ns = "urn:schemas-microsoft-com:office:office" />
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Lien de sang
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</o:p>Au dehors, des fillettes jouent à la corde...
Une longue corde souple d'un rouge sanguin
Une artère frémissante tendue entre leurs mains
Leurs rires couvrant par moment le ton monocorde
Du balancement régulier, fendant le vent peu amène
Dans la fraîcheur coupante de ce petit matin laiteux
Tout se dégrade, du noir de la rue, du gris brumeux
À leurs blancs manteaux et leurs teints de porcelaine<o:p> </o:p>Tranche la corde, objet de leurs cris de joie
Tourbillonne rouge, feule comme un furieux félin
Veine ivre, serpentine, elle s'affole sous mes yeux
Le sang y circule peut-être encore ma foi...
Les cris se déforment, leurs inflexions changent
Et ça fait mal au-dedans, ça s'insinue, ça me mange
Le flux régulier de ma vie semble couler dans ce lien
Hélas, on ne saute pas par-dessus soi-même...
J'ai beau oublier... elles oublient aussi la chute
Un jour, on trébuche, la corde se serre... chut !
« Ne pleure pas, ça fait grandir » a dit maman qui m'aime <o:p> </o:p>« Ne pleure pas, ce n'est qu'un jeu » m'a-t-il soufflé,
Mais ici, la corde tourne dans leurs mains, innocent poème
Un jeu de liens écarlates, le lien qui me relie encore à lui,
Un lien bourdonnant parfois, crasseux de mon sang séché
Le petit jour translucide se fait moins pâle et dense,
Leurs sourires l'adoucissent, la corde rougeoie et danse
Pourvu qu'elles la tiennent encore longtemps... elles-mêmes <o:p> </o:p>Et que leurs rires sucrés pansent de vieux cris comme de petits rubans roses...
Ligeia
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