• Primavera

    La nascita di una stella nella bellezza della tristezza

    Les jolies cohortes de pétales
    N'ont pas encore leurs couleurs
    Ma mémoire les essaime au matin pâle
    La terre porte encore les pleurs
    D'une rosée sans parfum
    Un deuil en étroits sillons bruns

    Je sais l'attente...

    Le ciel est un pierrot borgne
    Jetant le regard d'un soleil falot
    Au sel aride de ses nuées je lorgne
    Mais il ne pleuvra encore ni eau
    Ni ors, ni graines, promesses de vie
    La douce floressance fait envie

    Je sais l'absence...

    J'invoque la marée salvatrice de l'horizon
    Le frémissement infime de mon décor
    Mais l'hiver est l'épine sans la rose au fond
    Le crépuscule jeté sur mon cœur et mon corps
    Tu auras beau dégringoler dans l'immondice
    Flirter avec je ne sais quelle nuée de vices

    Je sais l'espoir...

    Le renouveau m'infligera des douleurs
    Pour l'instant c'est ce silence qui crache
    Méprisant, sur ma violence et mes douceurs
    L'aube certaine me délivrera de ce cache
    Tu sais, je ne te haïrai jamais
    Simplement parce que je t'ai aimé

    Je sais la renaissance...

    Même si j'ai eu tort de toi à l'hiver qui s'éternise
    Bientôt ce sera ta chute qui m'élèvera
    Je ne saurais même plus pleurer d'être éprise
    En vain, aimante comme jamais tu ne seras
    Mon printemps est à venir, le tien est derrière toi
    De l'autre côté, parmi les cœurs purs, près de moi.
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    Ligeia

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  • J'ai tant rêvé de toi

    J'ai tant rêvé de toi que tu perds ta réalité.
    Est-il encore temps d'atteindre ce corps vivant et de baiser sur cette bouche la naissance de la voix qui m'est chère ?

    J'ai tant rêvé de toi que mes bras habitués, en étreignant ton ombre, à se croiser sur ma poitrine ne se plieraient pas au contour de ton corps, peut-être.
    Et que, devant l'apparence réelle de ce qui me hante et me gouverne depuis des jours et des années, je deviendrais une ombre sans doute.

    Ô  balances sentimentales.
    J'ai tant rêvé de toi qu'il n'est plus temps sans doute que je m'éveille. Je dors debout, le corps exposé à toutes les apparences de la vie et de l'amour et toi, la seule qui compte aujourd'hui pour moi, je pourrais moins toucher ton front et tes lèvres que les premières lèvres et le premier front venus.


    J'ai tant rêvé de toi, tant marché, parlé, couché avec ton fantôme qu'il ne me reste plus peut-être, et pourtant, qu'à être fantôme parmi les fantômes et plus ombre cent fois que l'ombre qui se promène et se promènera  allègrement sur le cadran solaire de ta vie.

    Robert DESNOS
    Corps et Biens (1930)


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