• "Un rêveur est celui qui ne trouve son chemin qu'au clair de lune et qui, comme punition, aperçoit l'aurore avant les autres hommes."

    (Oscar Wilde)

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  • Le mythe de Sysiphe
    Fragment de dessin au crayon - Ligeia

    "Et je vis Sysiphe qui souffrait de grandes douleurs et poussait un énorme rocher avec ses deux mains. Et il s'efforçait, poussant ce rocher des mains et des pieds jusqu'au sommet d'une montagne. Et quand il était près d'en atteindre le faîte, alors la masse l'entraînait, et l'immense rocher roulait jusqu'au bas. Et il recommençait de nouveau, et la sueur coulait de ses membres, et la poussière s'élevait au-dessus de sa tête..."


    Ainsi Homère décrit-il le supplice de Sysiphe, condamné à faire rouler une énorme pierre jusqu'en haut d'une montagne, et encore et toujours, indéfiniment.
    Ce supplice éveille des échos dans notre monde moderne : il semble que nous tous soyons condamnés à accomplir des tâches et à les reproduire indéfiniment, pour le seul besoin de les accomplir.

    (Source
    Kulturica)

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  • C'est l'incertitude qui nous charme. Tout devient merveilleux dans la brume.

    (Oscar Wilde)


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  • Murmures

    Au bord de mes songes ce soir, je suis amarrée, contemplative, entre deux eaux.
    Le rêve a ennué ma réalité, les voiles diaphanes autour du grand lit murmurent une mélodie étrange, des pulsations ivoirines. Le temps m'emporte, je suis à nouveau là-bas... murs blancs, écrans froids, effluves écœurants, perfusions.
    Quelque chose de moi y est resté, ce sera toujours comme ça.
    Goutte-à-goutte, silence, murmures...
    Le rêve m'étreint à nouveau, mes yeux minéraux crèvent la nuit.
    Je vole au-dessus de ce corps étendu que je reconnais trop bien, ce visage qui n'a pu que fixer la fenêtre.
    Au-dehors brasillent des étoiles d'onyx, le vent tresse des notes douces, une mélodie de boîte à musique.
    J'aperçois quelques mots gravés sur une pierre à demi-enfouie sous les mousses parfumées.
    Quelques mots que personne ne lit plus... mais cette nuit est cruelle...
     « Je ne suis pas né, je n'ai pas vécu, mais elle m'a aimé »
    Une épitaphe...

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    Le  vent désormais froid soulève les voiles, le murmure se répand, cristallin et entêtant.
    Poème né du silence, rempli de silences, doucereux et effroyable.
    Est-ce l'empreinte d'une vie enfuie, la rémanence de derniers mots ?
    Est-ce la douleur d'une vie esquissée ou celle d'une mort trop lente ?
    Pourquoi ces murmures ? Pourquoi maintenant ?
    Je n'entends pas les mots, je ne comprends pas ces sons diffus,
    Juste leur mélodie agonisante pénètre mon âme avec effroi
    Et cette voix, si fluette, si fine, si jeune...
    Quel caprice du destin t'a arraché à ta vie naissante ? T'en souviens-tu seulement ?
    Petit ange du crépuscule,
    Si seulement ton cœur avait un refuge ...
    Silence glacial.
    Brisé.
    « Tu veux jouer avec moi ? »
    Oublie que tu ne peux pas jouer, que tu ne pourras jamais rire,
    Murmure encore ces sons à mon oreille,
    Si je peux les entendre, ils resteront comme une lettre d'amour adressée à personne.
    Sur ma page blanche, j'essaierai de les traduire...

    Tu voles à travers les ténèbres, tu te fonds dans la rosée, tu perles comme l'absinthe au coin des lèvres enfiévrées d'oubli, tu te caches parmi les herbes folles, tu flottes, nimbé de lumière parmi les filaments aquatiques de la lune, tu t'enroules et résonnes au cœur de la stèle abandonnée.
    Tu ne me quittes pas.
    Tu ne me quitteras pas.
    Jamais.

    <o:p> </o:p>
    « Je ne suis pas né, je n'ai pas vécu, mais elle m'a aimé »
    Une épitaphe...
    Celle de l'enfant sans nom.
    Son épitaphe invisible, aucune pierre pour la graver.
    Juste des murmures gravés à même mon cœur, à l'encre écarlate du remords.

    « Je suis mort sans te rejoindre, je ne savais pas ce qu'était la lumière du jour, la chaleur de tes bras... je suis mort sans le savoir, sans même penser que l'oubli se refermerait à jamais sur moi, emplissant ma gorge, embrumant mon esprit comme un venin puissant...
     Si j'avais grandi, j'aurais cueilli le reflet de la lune pour en faire un anneau merveilleux que tous m'aurait envié, je l'aurais accroché à mon épaule pour m'en faire un arc magique ! Ou bien j'en aurais ceint le front adoré de ma reine, mon ange, celle dont les bras ont dû tant me chercher...
    Maman, je suis là encore, je suis là toujours... mais qui le sait à présent ?
    M'entends-tu ?
    Viens jouer avec moi dans la clarté brumeuse de cette lune d'été, toi qui m'a trouvé, ne me crains pas, je suis si triste. Je ne t'emmènerai pas mais ose me regarder, cherche bien mon reflet, il est là dans le miroitement des eaux profondes. Ne me crains pas, mon regard n'est plus vide aurait-il été bleu, aurait-il été vert ?... Désormais,  il reflète celui des anges.
    Approche !  Entends mes pleurs sans larmes, offre-moi un peu de ta chaleur... ne me crains pas, je suis désolé, ne me crains pas et viens jouer... je suis si triste...

    <o:p> </o:p>
    « Je ne suis pas né, je n'ai pas vécu, mais elle m'a aimé »
    Une épitaphe...
    Celle de l'enfant sans nom.
    Celle de l'enfant que j'ai tué.

    Si vous lisez ces lignes, ne vous souvenez pas de moi, seulement de ces murmures qui hantent mes nuits.



    Ligeia


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