• Ange (Illustration de JB Monge)



    Murmure d'un enfant mort


    (Titre librement inspiré du « Dead boy's Poem » de Nightwish)


    Au bord de la rivière ce soir, je me suis amarrée, contemplative et apaisée,
    J'aperçois les quelques mots gravés sur la pierre à demi-enfouie sous les mousses parfumées.
    Quelques mots que personne ne lit plus... mais ce soir...
    Un vent froid soulève les voiles, un murmure se répand, cristallin et entêtant
    Poème né du silence, rempli de silences, doucereux et effroyable
    Est-ce l'empreinte d'une vie enfuie, la rémanence de derniers mots ?
    Est-ce la douleur d'une vie trop courte ou celle d'une mort trop lente ?

    Pourquoi ces murmures ? Pourquoi maintenant ?
    Je n'entends pas les mots, je ne comprends pas ces sons diffus,
    Juste leur mélodie agonisante pénètre mon âme avec effroi
    Et cette voix, si fluette, si fine, si jeune...
    Quel caprice du destin t'a arraché à la vie ? T'en souviens-tu seulement ?
     Petit ange du crépuscule,
    Si seulement ton cœur avait un refuge ...
    Silence glacial
    Tu veux jouer avec moi ?
    Oublies que tu ne peux pas jouer, que tu ne peux plus rire,
    Murmure encore ces sons à mon oreille,
    Si je peux les entendre, ils resteront comme une lettre d'amour adressée a personne
    Sur ma page blanche, j'essaierai de les traduire

    Tu voles à travers les ténèbres, tu te fonds dans la rosée, tu perles comme l'absinthe au coin des lèvres enfiévrées d'oubli, tu te caches parmi les herbes folles, tu flottes, nimbé de lumière parmi les filaments aquatiques de la lune, tu t'enroules et résonne au cœur de la stèle abandonnée

    « Je suis mort pour la rejoindre, je ne savais pas que je ne la trouverais pas... je suis mort sans le savoir, sans même penser que je ne remonterais pas, que l'eau se refermerait à jamais sur mes pas, emplissant ma gorge, embrumant mon esprit comme un venin puissant...
     Je voulais cueillir le reflet de la lune pour en faire un anneau merveilleux que tous m'aurait envié, je l'aurais accroché à mon épaule pour m'en faire un arc magique ! Ou bien j'en aurais ceint le front adoré de ma reine, mon ange, celle dont les bras ont dû tant me chercher... maman, je suis là encore, je suis là toujours... mais qui le sait à présent ?
    M'entends-tu ?
    Viens jouer avec moi dans la clarté brumeuse de cette lune d'été, toi qui m'a trouvé, ne me crains pas, je suis si triste. Je ne t'emmènerai pas mais ose me regarder, cherche bien mon reflet, il est là dans le miroitement des eaux profondes. Ne me crains pas, mon regard n'est plus vide, il brille des feux sélènes que je voulais tant toucher.
    Approche !  Entends mes pleurs sans larmes, offre-moi un peu de ta chaleur... ne me crains pas, je suis désolé, ne me crains pas et viens jouer... je suis si triste...

    Si vous lisez ces lignes, ne vous souvenez pas de moi mais du murmure de l'enfant mort,
    Ce que le vent ce soir a soufflé à mon oreille est une longue mélodie funèbre et douce dont les accents m'insufflent les paroles. J'essaie de lui donner mes mots, une trace, une chance de vous parler depuis son éternité.
    Et méfiez-vous toujours des rêves de conquête et d'amour des enfants trop sûrs.

    Ligeia

    Ce texte existe sous la forme d'une nouvelle plus longue... avis aux personnes intéressées.


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  • Commentaires

    1
    Morgan
    Mardi 21 Août 2007 à 14:23
    Que dire ?
    Je na sais même pas quoi dire, tellement c'est beau...
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