• Le miroir et la poupée


    "Ne couvrez pas de voiles sinistres tout ce qui brille. Scrutez le miroir pour découvrir le fantôme qui s'y cache." (Anne Rice. Le Violon.)

    « Miroir, ô mon miroir, suis-je toujours la plus belle ? » (rire cynique...)

    Me pavanant devant la face froide et vierge d'une longue psyché, j'y cherchais mon présent mais c'est le passé que j'entrevis par les fenêtres mouillées de mes yeux
    Echappée saine et sauve de ce monde qui glisse lentement vers demain,
    Dans un songe, sanctuaire figé en dehors du temps,
    Une enfant, aux prunelles brillantes, songeuses, boudeuses,
    Reflet de son père, cherchant ce père.
    Bâton de misère d'une mère-enfant qui refaisait le chemin à l'envers.
    J'y cherchais alors la malaimée, l'enfant repoussée, grandie trop vite par l'absence et la culpabilité.
    Disparue. Reléguée dans un angle mort.

    Derrière un reflet mouvant, j'aperçus enfin la bête, la jeune fille animale, changeante, si pâle et trop maquillée. Vénéneuse fleur aux sombres pétales qui croyait cacher son cœur dans une prison de rêves maudits, de jouissances vaines et d'apparences trompeuses.
    La poupée, je la revoyais alors avec colère et désespoir... poupée cassée, maintenue, saccagée, bâillonnée, livrée aux assauts du sourd monstre qui hante encore les cauchemars de ses quinze ans.

    Encore floue, à travers le vaporeux fluide de larmes naissantes, j'entrevis la future mère modèle. Cristallisée dans un monde où tout désir d'écart est coupable. Transformation.
    Ma volonté s'est heurtée au métal froid des convenances.
    Toujours une poupée... mais corps exsangue et cœur en carence, une chose glacée et futile, instrument mécanique enserrant mes chairs et mon âme.

    Que suis-je devenue ?
    En ce tête-à-tête ténébreux et limpide avec mon reflet, je voudrais revenir vers Moi.
    Purifiant tout ce que je suis aujourd'hui. Purifiant la plaie qui m'empêche d'aimer...

    La Trahison !

    Pourrais-je avoir encore la Beauté de la Bête ?
    Pourrais-je émouvoir sans briser malgré moi un être éperdu dans mon décor intime ?
    Pourrais-je encore supporter ce doigt sur ma bouche qui intime le silence à des cris sans voix ?
    Diaprée de lumière lunaire, je crûs soudain vieillir de cent ans, et c'est en me raccrochant à ces yeux familiers sans visage que je ne sombrais pas dans le vertige éternel, celui de la Peur ancestrale de notre finitude. Je n'étais que le jouet du temps et du mensonge.

    Fermant, puis rouvrant mes paupières fatiguées, je détachais mon regard de lui-même et le laissait reconstruire le monde autour de nous. Tout était à sa place. Mais quelque chose avait changé pourtant : je connaissais la Vérité...

    Je me contemplais à nouveau, moi, seules, dans ce miroir.

    Ligeia


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  • Commentaires

    1
    Mercredi 30 Janvier 2008 à 15:22
    Livre
    "Ne couvrez pas de voiles sinistres tout ce qui brille. Scrutez le miroir pour découvrir le fantôme qui s'y cache." (Anne Rice. Le Violon.) Ce livre est magique... Je l'ai trouvé génial, il m'a emporté dans un autre monde et j'ai envie de le relire tellement que je l'ai aimé ^^.
    2
    Mercredi 30 Janvier 2008 à 18:56
    Je...
    est un autre.... A.Rimbaud
    3
    Mercredi 30 Janvier 2008 à 22:49
    coucou ligéia
    ça me fait vraiment plaisir d'avoir de tes nouvelles toi comment vas tu ? moi quelques petit soucis de la vie mais bon comme on dit avec le temps ça passera :) je te fais de pleins de bisous
    4
    Jeudi 31 Janvier 2008 à 12:37
    Vu que t'en mets peu ...
    ... merci pour ton com ^^ . Très bel écrit et les images sont magnifiques (surtout la première). Bonne journée, bisous. PS : Y'a une tite réponse à ton com.
    5
    Jeudi 31 Janvier 2008 à 16:42
    Que suis-je...
    Entre " L'être " et le " Paraître " ? L'image du miroir est inversé, on devrait se voir de dos ! Je suis un fibreux du présent. Je me prend en photographie avec mes yeux dans le reflet de la glace à chaque passage devant elle. Dans une vie, parmi tout le monde que l'on pourra connaître, on est l'unique personne que l'on ne va jamais quitter ou perdre face au miroir. Selon Arthur Rimbaud : - Des humains suffrages... Des communs élans... Là tu te dégages... Et voles selon. Elle est retrouvée. Quoi ? - L'Eternité. C'est la mer allée... Avec le soleil. Mon image retrouvée est celle de l'horizon de " L'instant ". Le renvoi est celui que l'on se destine et sa nature nous est intime. Je suis un " Big nounourson " qui se contrefiche de son apparence à se demander : - " Miroir !Ô mon miroir, suis-je toujours le plus beau ? ". Attention, à briser un miroir ! Sept ans de malheurs ! Un jour par provocation, j'en ai brisé une trentaine ! J'attends toujours qu'un " Airbus A 380 " me tombe dessus ! (sourires) ! Bien à vous Ligeia. Armanny
    6
    Morgan
    Jeudi 31 Janvier 2008 à 17:57
    Sublime
    Le reflet du miroir, l'être et le paraître... J'aime beaucoup la façon dont tu l'as écrit. J'espère que tu vas bien. Bisous
    7
    Jeudi 31 Janvier 2008 à 19:09
    Nous pouvons
    voir tellement de choses dans un mirroir, reflet du passé, du présent et image du futur, le mirroir de notre vie nous rappels à nos souvenirs et à nous même, il ne tient qu'à nous alors de modifier cette image que l'on voit si elle nous plait pas, c'est tellement dure, mais des anges sont là et veille sur chacun d'entre nous, bisous à toi j'espere que ça va? Bye
    8
    Vendredi 1er Février 2008 à 11:58
    mon beau miroir...
    miroir miroir, qui est le plus beau texte ? - mais c'est celui de ligeia... bizoux d'une fée
    9
    Vendredi 1er Février 2008 à 17:36
    Un ...
    texte dont tu as le secret. En Narcisse ou reflète notre égo. Mais il n'y a pas de mal à se faire du bien . Le temps passe en éphémère beauté mais la vrai est dans le cœur ... Je t'embrasse
    10
    Misterwind
    Vendredi 1er Février 2008 à 23:34
    Ô Miroir
    Un titre qui laisse interrogateur. J'ai envie de demander si c'est une poupée de cire ou bien si c'est elle qui fait non non non. ;=) Je viens de voir ce visage colérique qui hante et se superpose au reflet dans le miroir. Fantôme !
    11
    Samedi 2 Février 2008 à 22:04
    j'aime
    particulièrement cette image de la main "dominatrice" et "manipulatrice" sur la tête de la poupée, j'aime aussi beaucoup ta façon d'écrire, merci pour cette lecture :) bisous ligeia bonne nuit
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    12
    Mardi 5 Février 2008 à 20:04
    qui suis-je ?
    les plus terribles miroirs sont le regard des autres, quand ils ne vous voient pas tel que vous êtes, mais tel qu'ils vous rêvent ! Qui sommes nous alors ? bonne soirée et gros bisous Ligeia
    13
    Jeudi 7 Février 2008 à 11:36
    pas de nouvelle
    depuis longtemps j'espère que pour toi tout vas bien ici tousle rhume gros bisous @+
    14
    Jeudi 7 Février 2008 à 12:01
    coucou
    un petit bonjour de l'île et a bientôt j'éspère!!!! bizzzzzzzz
    15
    Dimanche 10 Février 2008 à 10:52
    bonjour
    comment vas tu celà fait un petit moment que tu n'écris plus j'espère que ça va je te fais pleins de bisous et à très bientôt
    16
    Vendredi 22 Février 2008 à 20:43
    Merci
    de cette main tendue, une image dans un miroir tellement terne, un regard qui s'aperçoit de ce monde sombre mais un regard qui cherche de l'aide, un faux reflet, une illusion si le voile de nos vies pouvaient se lever et laisser place au soleil... Bisous à toi, merci, bonne soirée.
    17
    Jeudi 8 Mai 2008 à 14:42
    merc
    merci du commentaire,et BONNE ANNVERSAIRE.je vais mettre votre blog dans mes blogs préférés bonne journée et profitons-en du soleil.
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