• Terraquée

    La mer immense entre Phocée et mon rivage


    Voit l'appareillement d'une tartane à quai
    Une idée vaporise en antique mirage
    Le fer qui lie ma vie aux amarres détraquées
    Mer, de tes larmes séculaires dessalées
    Eau-mère, ton chantre hellénique a pu conter
    De tant d'hommes tu fus la Mer amante immonde
    Pour tant d'autres pourtant, la Mère ardente inonde<?xml:namespace prefix = o ns = "urn:schemas-microsoft-com:office:office" /><o:p> </o:p>

    En pluie des origines, ton cycle infini
    M'emmaille dans son courant si vertigineux
    Lunaisons tentaculaires inassouvies
    Poussière livide, je me quitte et te veux

    Je vois l'infini charnier patiné d'écumes
    De cendres frissonnantes affleurant en brumes
    Au fond de tes marées-chairs empourprées de nuit
    Tu tires l'aliment d'épaves englouties<o:p> </o:p>

    Je cherche alors le pôle en souffles Zephyrins
    Son ivresse en voûte qui neige sur les grands voiles
    J'évite l'envoûtant Styx miroitant sans fin
    Et ses drachmes perdues pour la dernière toile

    En regard des polies déesses statufiée
    A terre leur morte nature enracinée
    Moi, néréide Thétis, ignorant les dieux
    Au mortel aimé je préfère offrir mes feux<o:p> </o:p>

    De cette précieuse amphore captant le fil
    Des lyres dénouées en vapeurs d'or célestes
    Je tisse, amoureuse musique qui défile
    Au gré de ces légendes que les vents attestent

    Toi, mer, tu m'appelles à l'évasement des troubles
    Mon immortelle aimée, ensablement des doubles
    Je fuis la nuit en mes errances digitales
    Je suis lune au clair sillage tressant l'opale

    Ici-bas, terre ou ciel peuvent encore trembler
    Fustigés de gaz et de lourdeurs carrossables
    Perfusés à vif des poisons d'Homme immiscés
    Je lévite à vie vers l'étendue désirable<o:p> </o:p>

    Peuple invisible fendant le flot qui bouillonne
    Du Léviathan jusqu'aux sirènes qui bourdonnent
    Leurs cyniques invites palmées calmement
    Du fond des âges me fascinent sombrement

    Ton incessant marasme, grande génitrice
    Tendresse et mort liés à jamais en ton sein
    Là, je ne peux me défaire de ce cilice
    Terraquée, impuissante, hier comme demain.


    Ligeia


    45 commentaires

  • Il était une fée...

    Il était une fée cachée
    Qui d'une fleur loarée
    Se mit à chuchoter ses harmonieux arpèges
    Envoûtant mon âme d'étranges sortilèges


    Mon œil se fit miroir
    La devina sans pourtant voir
    Les formes indécises d'un bourgeon de vie
    Palpitant en mon corps que je croyais détruit

    De son malin babil
    Elle ensorcela mes doigts habiles
    Leur murmurant et soufflant la ligne à tracer
    Celle des contours d'un visage tant rêvé

    Puis en fines caresses
    Depuis son puits, cœur de tendresses
    Elle fit jaillir en ce beau songe les couleurs
    Magiques apparats, vision chère à mon cœur

    Et tout redevint doux
    Gestes, courbe gracile du cou
    De ses nuances tendres aux pastels déposés
    Caressantes, fi des noirs démons dessinés

    Il était une fée enfuie
    Gardant pour elle, malicieux génie
    Sous ses paupières encor closes le bleu secret
    Que sa venue au monde me révèlerait 

    Mon étrange être ange
    Epanoui sur un champ de fange
    Sa pureté, l'innocence, larmes d'amour
    Ma joie, ma rédemption, empreintes là toujours.

    Ligeia

    26 commentaires

  • S.O.S
    <?xml:namespace prefix = o ns = "urn:schemas-microsoft-com:office:office" /><o:p> </o:p>

    Ma main tient ce qui Sauve Ou ce qui Sombre

    Un vain vaisseau fantôme sorti de l'ombre

    Cette lettre échouée au hasard des rives

    Replie les secrets de l'être en dérive

    Souffrance Oubliée au Sable éternel

    Ecrasée dedans dehors de cruel

    Silence emmuré en prison de verre

    Source Ondulante en Sève nourricière.

    <o:p> </o:p>

    Espérance larvée au seuil de paroles creuses

    Psalmodies déliquescentes à l'encre sinueuse

    De sombres déliés de promesses contre courent  

    Si loin de nos yeux, sans Or d'aube empreinte, Si sourds.

    <o:p> </o:p>

    Au cœur de murmures sans ailes souterrains

    Des vagues désirs sans Elle sous tes reins

    Des Serrements en Orgues Sybarites

    Accrochant l'encensoir brûlant du rite

    Aux Sueurs intimes luit un feu sensible

    Sillon Ouvert sur des Sorts morts sans cible

    Saveurs Opprimées du Songe sensuel

    Sans chemin ne reste que sangsue, Elle.

    <o:p> </o:p>

    Sale Opprobre digitale des Souffles noyés

    Effervescente page offerte en lueurs mouillées

    Du fond des abysses terrestres atterrés de guerres

    Je largue là mes amarres mnémoniques en bière. 

    <o:p> </o:p>

    Vibre mon cœur Sans l'Once d'un des Sens

    Qui attendait tendu vers l'indécence

    Le soir cynique et solitaire s'impose

    Sur toile vide Où S'essouffle sans pause

    Aux yeux languissant de ces étoiles mortes

    Ce qui ne fut pas se clôt en Eaux-Fortes

    Sous ma main refermée l'ancrage avide

    L'encre s'efface Ô lasse Sur Toi-le Vide.

     

    Ligeia


    31 commentaires

  • Ô mon Capitaine !

    Penché au bastingage, ton beau regard sombre perdu dans le vague divague au long cours. Le vent dans les voiles chante une douce-amère mélodie d'amour. Sur tes joues hâlées, ombrées d'une douce toison née de l'exil des terres, les larmes délétères ont laissé leurs coulées salées empreintes à l'éternité. L'errance est ta compagne livide aux écumes livrée, l'immensité ta prison double-bleu. Tu as fendu tant d'écueils, écumé tant de ports que ton âme se délave un peu plus au gré des brisants. Ton esprit, grand goéland blanc à l'envol irrépressible, parcourt pourtant cet aride désert aqueux. De la proue aiguisée, il devance l'avancée de ton navire empressé, il s'élève en guetteur d'espoir aux ailes blessées, retourne parfois amer au nid-de-pie. Aux parois humides de cet antre chaotique...
    Me vois-tu ?...
    Aux confins d'un horizon monochrome tant de fois craint, désiré, affronté, exploré...
    Me vois-tu ?...
    Comme une île d'ambre posée sur un océan de draps blancs dont l'écume froissée à l'assaut de mon corps alangui n'est qu'un pâle reflet perle des vagues de mon désir.
    Me vois-tu ?...
    Plage virginale assoiffée d'abordage. Mon sable doré nonchalamment s'écoule et se répand en nacres fines dans le secret de chaque dune... Vaincu par le flux entêtant de la houle mon satin glisse, ondoyant aux harmonies de rayons solaires caressants et amoureux ...
    Les sens-tu ?...
    Ce vent... Cette brise... Mon souffle sur tes yeux clos quand tu t'éveilles dans ta cabine au tangage berçant, mes lèvres sur tes lèvres, mes doigts qui t'explorent, ma bouche naufragée qui te cherche telle une fontaine intarissable...
    Je suis la mer qui cherche sa source.
    Je suis la source que tu cherches dans l'infini.
    Je suis l'infini brasier blanc que tes mains étreignent en chasse aux étoiles.
    Je suis la mer qui embrasse de ses membres infinis la coque de ton vaisseau,

    Je suis la mère qui emprisonne ton esquif de ses tendres et fertiles courants.
    Je suis l'île et le but du voyage.
    De ton désir tendu vers moi, tu peux tracer la carte d'un nouveau monde à explorer de tout ton corps, de toute ton âme, un territoire d'eaux aventureuses et calmes dont je suis l'unique continent.
    Mon œil brillant d'envie, mon visage auréolé de lumière sélène sera désormais ton phare en pleine mer.

    <?xml:namespace prefix = o ns = "urn:schemas-microsoft-com:office:office" /><o:p>Ligeia</o:p>

    20 commentaires

  • Possession

    Toi, l'homme fort, terrien solitaire et pragmatique,
    Pourrais-tu entendre et comprendre sans panique

    Que même lorsque tu n'es pas présent dans mon décor
    Tu es là, contre moi, en moi, même quand je m'endors ?

    Oiseau de nuit posté à la clarté de mes songes voyageurs
    Tu t'éveilles à la faveur de l'ombre pour y poser tes couleurs

    Tu veilles de loin sur ce sommeil dans lequel tu t'immisces
    Psychopompe avide, tu dévides et t'accapares même mes vices

    Ton regard s'est posé sur moi avant même que je ne voie le tien
    Et tu as pénétré en moi dès que tes mots ont effleuré les miens

    Bien avant nos jeux érotiques, tu avais déjà investi mon corps
    Bien plus profondément que ton sexe ne pourrait le faire encore

    Parfois, lorsqu'à chaque coup de reins, tu t'enfonces de plus belle
    Il m'arrive d'imaginer que tu investis entièrement ma citadelle

    De si loin comme au plus proche tu me possèdes, cher Vampire
    Toutefois, tu n'imagines pas alors que cette emprise empire

    Qu'au plus fort de nos étreintes réelles ou rêvées à vivre
    Mes dents pourraient subrepticement marquer ta chair ivre

    Ces bijoux d'ivoire dévoilés sous mes lèvres enfiévrées d'espoir
    Te marqueraient et je te boirais comme le plus délicieux nectar.

    Ligeia


    25 commentaires


    Suivre le flux RSS des articles de cette rubrique
    Suivre le flux RSS des commentaires de cette rubrique