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Par ligeia77 le 8 Juin 2007 à 14:14
Chaque aurore est une larme blanche amère
Aurores sélènes
Embryonnée, lovée aux paupières de la terre
Chaque aurore clôt le flacon ébréché
D'où s'échappent des contes parfumés
Vers aromatiques aux lèvres effilées de la nuit
Dont mon cœur goûte secrètement la semi-pluie
Serrement de gorge à la frontière
A l'équilibre sur le fil délétère
La lune s'enfuit sur ses pointes pâles
Ranger ses gazes et parures d'opale
Dansante encore sur les cils des anges
Elle songe peut-être à une robe orange
Qu'elle revêtira demain pour surgir flamboyante
Et murmurer une lyrique épopée aux errantes
Oreilles égarées, âmes poètes évaporées
brûlées aux éclats de trop de soleils mouillés.
Ligeia
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Par ligeia77 le 31 Mai 2007 à 22:27
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Blanche
<?xml:namespace prefix = o ns = "urn:schemas-microsoft-com:office:office" /><o:p> </o:p>Dans une brume laiteuse, au jour déclinant
S'en vient l'ombre blanche à la fontaine prostrée
Murmurant tel le roulis de l'eau sur son attente bridée
Martyre anonyme de solitude, tout à son tourment
Comme chaque soir elle attend, ivoire sentinelle de nuit
Fardée de blanc, pierrot lunaire en demande d'ivresse
Parmi les ombres encapuchonnées qui se pressent
Elle disperse en gestes las les flocons de cendres d'un idéal enfui
<o:p> </o:p>Sur la neige blanche des pas perdus, sa trace subsiste seule
Des lueurs poudrées de la lune qui étire son sourire, croissant de peine
Elle n'est attentive qu'à sa tâche immaculée sur le miroir des eaux sereines
Dans le froid, son col d'hermine a la douceur glacée du linceul
<o:p> </o:p>Mais rien de matériel ne la touche plus
Reflets fugaces, impressions incarnées, blancs fantômes odorants
Saveur synesthésique d'un rayon de lune entre ses dents
Ses cernes pourpres ensevelissent sa vue
<o:p> </o:p>Comme un appel d'océan, les fils iridescents de la lune blonde et lisse
Se confondent dans l'eau de ses songes en reflets opalins
C'est ici, à la croisée des souvenirs des errances sans fin
Qu'elle s'imagine écume dans le sillage de son Ulysse
<o:p> </o:p>Elle prie l'opacité du rêve, repousse la blancheur nocturne trop crue
Au coin de ses yeux, gemmes éclatants embusqués,
Deux larmes solitaires disjointes perlent, arc- en-cil embullés,
Deux joyaux jumeaux dont les routes ne se croiseront plus
<o:p> </o:p>Tout ce blanc... vortex givré, vision monochrome vertigineuse
La mort viendrait-elle l'engloutir dans ses ténébreux soleils ?
Où n'est-ce que lassitude enveloppée d'une chrysalide de sommeil ?
La gracieuse étreinte ne s'offre qu'aux héros, pas aux discrètes pleureuses
<o:p> </o:p>A la lisière de l'invisible monde, les portes du rêve ont dû s'ouvrir
Ou peut-être est-ce venu de l'intérieur et des ses confins,
Il brûle ses tempes, ce faisceau éblouissant qui n'éclaire rien
Ses yeux clos ne trouvent pas de repos, la rémanence est son pire
<o:p> </o:p>Retrouver la nuit, ouvrir ses yeux sur un ruissellement de larmes silencieux
A travers les coulures brouillées, le décor n'a pas changé, pourtant...
Autour d'elle, des nymphes livides aux corolles diaphanes dansant
Cueillent des fleurs de temps enfui à la surface dormante des eaux bleues
<o:p> </o:p>Le cercle de marbre blanc, éternel miroir de l'astre lunaire,
Se fait écrin pour ses parures, bijoux forgés des larmes des mortels
Larmes de joie ou de mélancolie, elle s'en empare et s'en pare, la belle
Pleure donc les tempêtes de ton cœur, c'est nourriture pour sa lumière
<o:p> </o:p>Le temps n'a plus de prise et la psyché improvisée se pave d'innombrables visages
Se mouvant lentement, enchâssés, enchevêtrés, apaisés
Pareils aux faciès mystérieux d'une multitude de créatures nacrées
Ils flottent et se tordent aux courants incertains de leurs murmures sans âge
<o:p> </o:p>Elle les observe à travers le rideau englué de ses cils trop lourds
Maintenant furieux et apeurés, leurs bouches béantes et muettes se lèvent vers les dieux
Ils renvoient à son regard, leurs regards vides en pleurs souterrains et envieux
Leurs corps s'enlaçant vainement sous son corps statufié devenu sourd
<o:p> </o:p>Elle est une fontaine désormais, c'est elle qui de tout son être ruisselle
Au bout de cette nuit blanche dans la blanche nuit sans cœur
Insulaire sans île emmurée dans sa cornaline de douleur
Autour d'elle, des flaques irisées scintillent, tombantes aux racines du ciel
<o:p> </o:p>Au matin, la nature en larmes recouvre de rosée l'empreinte sèche du chagrin de Niobé
Plus d'oreille attentive pour son ruisseau d'alarmes qui s'infléchit et se perd
Ses mots glacés, serments d'allégeance à personne, se délitent en éther
L'aube se dresse, dévorante et cruelle, sur des espoirs encore noyés
<o:p> </o:p>A-t-elle rêvé, peu lui importe, il faut maintenant qu'elle rentre
La femme-poète qui de la lune nourrissait invariablement son ventre
La femme-fontaine offre à la lune désormais toute son essence
Chaque nuit exige ses pleurs, poison de réminiscences
Instillé à l'arme blanche
Sa page à elle reste blanche.
Ce texte existe sous la forme d'une nouvelle fantastique en prose... avis aux personnes intéressées.Ligeia
4 commentaires -
Par ligeia77 le 30 Mai 2007 à 23:24
Précieuse
<?xml:namespace prefix = o ns = "urn:schemas-microsoft-com:office:office" /><o:p> </o:p>« Ce qu'il voulait, c'étaient des couleurs dont l'expression s'affirmât aux lumières factices des lampes (...) car il ne vivait guère que la nuit. » (Huysmans. A rebours.)
<o:p> </o:p>Tu m'aimes comme ça, je le sais.
Lorsque je sors pressée de la salle de bains et que je viens, comme un chat impatient, me sécher et m'alanguir près du feu.
Je me dresse et offre impudiquement chaque parcelle humide de mon corps à la lueur brûlante des flammes, sarabande de nuances dorées et changeantes qui viennent parer ma peau nue. Tu es là, derrière moi, je sens ton regard glisser avec chaque goutte qui perle de mes cheveux, le long de mon dos pour s'attarder à la cambrure de mes reins puis, descendre encore... Intrépide voyageur, tu contemples ton décor, mon paysage mouvant.
Tu m'aimes, précieuse.
Vêtue de ma seule peau et de mes bijoux pour parure.
Salomé artificieuse et passive.
Encadrée de ton univers familier, exposée sous un éclairage de choix, offerte à mille nuances possibles. Chaque recoin de moi t'appartient déjà : des petits diamants d'eau qui gouttent encore de mes cils en passant par chaque pierre rencontrée au détour d'une courbe, d'un creux.
Tu les aimes, tous les feux qui pourront faire briller indéfiniment cet univers minéral dont tu m'as pourvue. Ceux des flammes, ceux de la lune qui nous observe, coquine, par l'étroite fenêtre. Entre la chaude lumière orangée du foyer qui danse côté face et la froide clarté sélène et bleutée qui m'enveloppe côté pile, je demeure immobile à ta vue, prisonnière consentante de mes entraves. De tes yeux d'esthète, tu quêtes la ligne, cette démarcation fictive entre les deux tons complémentaires qui illuminent mon corps en une exaltation réciproque
Tu approches.
Frissons anticipés.
Dans le bleu...
Ondoiements opalescents.
Ton doigt suit tel un pinceau léger les sombres ramifications tribales qui ornent mon dos, contourne une hanche, égrène un à un les minuscules maillons de la chaîne d'or qui ceint ma taille, puis celle de ma cheville. Tu te redresses soudain et te plaque contre mon dos, levant mes bras obéissants au dessus de nous. Je sais que ton regard s'attarde sur le miroitement des joyaux disséminées sur mes doigts et mes poignets, mille étoiles toutes saphir à la face de l'astre de la nuit.
Frissons incarnés.
Dans l'orangé...
Sarabandes mordorées.
Tes mains possessives soulignent les contours de mon visage brûlant, se perdent dans la jungle de ma chevelure qui se colle telle des langues humides à ma peau, à ta peau... tes doigts se rejoignent alors sur la rivière de ma gorge et tu englobes, comme un calice écarlate, ce bijou aux entrelacs compliqués que tu adores. Quand tu te décides à poursuivre le voyage, j'ose à peine respirer tellement le contact de tes mains fraîches sur ma peau ardente me saisit. Tu te repais de mon silence, de mon immobilité de statue docile. Comme l'artiste appliqué ou le géologue consciencieux, tu m'effleures patiemment, tu me sculptes et me dessines, tu recherches chaque empreinte, chaque braise chatoyante, chaque liqueur odorante que tu as semées pour les raviver du bout des yeux, des doigts, de la langue... à genoux devant moi, enivré de couleurs et de parfums, tu contemples enfin mon ventre comme le centre d'un monde. La lueur mate des volutes gravées dans ma chair, l'éclat mordoré de la chaîne, le rubis caché au creux du nombril... ta vue, tes mains se perdent et un instant, tu viens accrocher mon regard. Mais que pourrais-je y lire d'autre à ce moment-là ? Dans la pénombre, mes yeux d'obsidienne ne sont que deux trésors de plus à posséder.
Ainsi tendue vers le ciel, en attente de toi, je me demande alors si tu ignores que les bijoux réels ou dessinés sont les multiples symboles du calvaire de Prométhée, enchaîné à la pierre, percé de plaies toujours béantes, tatoué de sang pour expier sa démesure, son envie d'homme, son vœu de possession.
Je me demande également si toi, mon alchimiste, mon amant sophistiqué, tu pourrais m'aimer aussi sans paraître.
Si tu me laissais un peu être...
<o:p> </o:p>Ligeia
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Par ligeia77 le 25 Mai 2007 à 10:40
Litanies de Lune
Morcelés, suaves, marqués, épaves,
Des fragments de peau se goûtent et s'étiolent avec l'aube naissante dans la brume encore phosphorescente des filaments lunaires.
Ta peau
Que j'exhume et hume jusqu'aux aux larmes
C'était hier...
La lune qui m'a éveillée m'a conduite à nouveau vers toi. Avec les brises caressantes du crépuscule, je t'ai cherché patiemment, au milieu de mes mornes litanies, funestes petites mélodies, opéras tragiques de l'impossible possession.
Nous appartenir encore, brisure de l'âme, amer simulacre des jeux sensuels des mortels
Désir constellé de peines et de notes sombres, pianissimo...
Dans ce lyrique songe des nuits de retrouvailles, nos corps glacés ont tous deux la pâleur de l'écume, légère, insaisissable.
Bruissement, cliquetis, pleur, oiseau nocturne...
Chaque son est un vers, chaque bribe de vent dans les laurier-sauce se répercute en écho infini pour accompagner d'accents mélodieux notre mélopée céleste.
La lune nous enveloppe alors de son éclat radieux qui recompose, touches par touches, notes par notes, le Tout harmonieux d'une grande symphonie.
Ma non-vie, ta mort... si loin, si loin encore
Dans cette transe extatique, mon âme soûle n'est plus que musique, aveuglée de clarté, clarté du souvenir, clarté du mensonge...
Mais déjà l'éveil et la lune aimante nous abandonne.
Tonnerre lointain, grondement crescendo de l'orage qui approche. Je n'ai rien vu venir, je n'ai plus de regard... j'ai seulement entendu ce faux accord, ressenti au plus profond de moi que l'horreur allait se révéler.
Hymne dissonant de l'hymen contre-nature,
De deux corps sans vie ne peut naître qu'une danse macabre.
Dans la clarté acérée d'un matin cruel, je rassemble les restes épars de ce qui fût nous
Mon chagrin sans larmes, longue plainte qui accompagne celle des loups, s'éveille au tombeau de mon amour enseveli.
Une pluie froide matinale vient, de sa monotone chanson, laver la boue des reliefs décomposés qui gisent à mes genoux, reliques de l'être aimé.
Clic, clic... sa litanie claque, lancinante, cynique, tourbillonnante, incessante...
De mes lèvres sanguines levées au Ciel s'échappe l'aria ultime du remords des immortels
« Vous dansez maintenant, viles sorcières, votre sabbat des ombres, au son de mes mornes douleurs ! Vous dansez, maintenant que je l'ai tué... »
C'était hier...
Serments incinérés, vénéneuses errances.
Avant de m'enfuir dans le sillage des brumes sélènes, je rends le cadavre à la terre bénie.
Je reviendrai...
Ainsi se croisent encore deux amants, marche nuptiale funèbre accompagnée d'orgues tues.
<?xml:namespace prefix = o ns = "urn:schemas-microsoft-com:office:office" /><o:p> </o:p>Ligeia
Ce texte existe sous la forme d'une nouvelle plus longue... avis aux personnes intéressées.
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Par ligeia77 le 23 Mai 2007 à 11:11
Murmure d'un enfant mort
(Titre librement inspiré du « Dead boy's Poem » de Nightwish)
Au bord de la rivière ce soir, je me suis amarrée, contemplative et apaisée,
J'aperçois les quelques mots gravés sur la pierre à demi-enfouie sous les mousses parfumées.
Quelques mots que personne ne lit plus... mais ce soir...
Un vent froid soulève les voiles, un murmure se répand, cristallin et entêtant
Poème né du silence, rempli de silences, doucereux et effroyable
Est-ce l'empreinte d'une vie enfuie, la rémanence de derniers mots ?
Est-ce la douleur d'une vie trop courte ou celle d'une mort trop lente ?
Pourquoi ces murmures ? Pourquoi maintenant ?
Je n'entends pas les mots, je ne comprends pas ces sons diffus,
Juste leur mélodie agonisante pénètre mon âme avec effroi
Et cette voix, si fluette, si fine, si jeune...
Quel caprice du destin t'a arraché à la vie ? T'en souviens-tu seulement ?
Petit ange du crépuscule,
Si seulement ton cœur avait un refuge ...
Silence glacial
Tu veux jouer avec moi ?
Oublies que tu ne peux pas jouer, que tu ne peux plus rire,
Murmure encore ces sons à mon oreille,
Si je peux les entendre, ils resteront comme une lettre d'amour adressée a personne
Sur ma page blanche, j'essaierai de les traduire
Tu voles à travers les ténèbres, tu te fonds dans la rosée, tu perles comme l'absinthe au coin des lèvres enfiévrées d'oubli, tu te caches parmi les herbes folles, tu flottes, nimbé de lumière parmi les filaments aquatiques de la lune, tu t'enroules et résonne au cœur de la stèle abandonnée
« Je suis mort pour la rejoindre, je ne savais pas que je ne la trouverais pas... je suis mort sans le savoir, sans même penser que je ne remonterais pas, que l'eau se refermerait à jamais sur mes pas, emplissant ma gorge, embrumant mon esprit comme un venin puissant...
Je voulais cueillir le reflet de la lune pour en faire un anneau merveilleux que tous m'aurait envié, je l'aurais accroché à mon épaule pour m'en faire un arc magique ! Ou bien j'en aurais ceint le front adoré de ma reine, mon ange, celle dont les bras ont dû tant me chercher... maman, je suis là encore, je suis là toujours... mais qui le sait à présent ?
M'entends-tu ?
Viens jouer avec moi dans la clarté brumeuse de cette lune d'été, toi qui m'a trouvé, ne me crains pas, je suis si triste. Je ne t'emmènerai pas mais ose me regarder, cherche bien mon reflet, il est là dans le miroitement des eaux profondes. Ne me crains pas, mon regard n'est plus vide, il brille des feux sélènes que je voulais tant toucher.
Approche ! Entends mes pleurs sans larmes, offre-moi un peu de ta chaleur... ne me crains pas, je suis désolé, ne me crains pas et viens jouer... je suis si triste...
Si vous lisez ces lignes, ne vous souvenez pas de moi mais du murmure de l'enfant mort,
Ce que le vent ce soir a soufflé à mon oreille est une longue mélodie funèbre et douce dont les accents m'insufflent les paroles. J'essaie de lui donner mes mots, une trace, une chance de vous parler depuis son éternité.
Et méfiez-vous toujours des rêves de conquête et d'amour des enfants trop sûrs.
Ligeia
Ce texte existe sous la forme d'une nouvelle plus longue... avis aux personnes intéressées.
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