• Galahad
    ou Galaad est le fils du chevalier
    Lancelot du Lac et d'Ellan, fille du roi Pellès (lequel détient le Saint Graal.) Il est le plus jeune chevalier de la Table Ronde. Il est le bon chevalier, le seul qui puisse s'asseoir à la droite du roi Arthur sur le siège périlleux, comme prédit par Merlin qui l'avait présenté à la cour du roi Arthur. Accompagné de Perceval et de Bohort il sera le seul, au terme de la quête, à pouvoir regarder à l'intérieur du Saint-Graal. Il mourra d'ailleurs juste après car, comme dans nombre de mythes, la Connaissance tue. Il le tiendra pendant que Gauvain, un autre chevalier, y versera le sang du Christ qui se trouvait sur la lance du romain l'ayant blessé au côté (la Sainte Lance). Son père, Lancelot, était lui aussi à l'origine destiné à la quête du Graal mais il en fut détourné par l'amour qu'il portait à la reine Guenièvre.

    Une légende lunaire :

    On raconte que Galaad, âgé alors de dix ans à peine, parcourut deux cents kilomètres pour ramener une fleur à sa sœur malade. Mais cette fleur n'était pas ordinaire : c'était une rose, disait-on, qui reflétait les rayons de la lune et diffusait en permanence une lumière douce et argentée. Galaad descendit jusqu'au pays des milles collines afin d'y cueillir cette fleur qui, il l'espérait, rendrait la santé à sa sœur. On raconte qu'il la trouva alors qu'il était lui même entre la vie et la mort, et qu'il la ramena à sa sœur. Tout bon conteur aurait terminé cette histoire par "Il lui ramena la fleur enchantée et la jeune fille retrouva la santé". Mais la réalité est toute autre car il déposa la rose au creux des mains gelées de sa sœur que l'on s'apprêtait à mettre en terre.

    fleur argent
    Cette histoire et beaucoup d'autres vous seront racontées dans les "murmures du château"...
    Castle in tears


    votre commentaire

  • La Lune : symboles et paradoxes

     

    Cette illustration est l'une des rares à associer le masculin à la lune et le féminin au soleil, peut-être aussi parce qu'elle appartient à notre époque dont les artistes se sont approprié et ont détourné les symboles.<?xml:namespace prefix = o ns = "urn:schemas-microsoft-com:office:office" /><o:p> </o:p><o:p> 
    </o:p>
    Si chaque mythologie a généralement associé le masculin au jour et le féminin à la nuit, leurs systèmes symboliques respectifs s'interpénètrent néanmoins de façon étrange pour peu que l'on procède à une lecture allégorique de ce « drame céleste. »
    Le Soleil amenant le jour a généralement pour pendant féminin la Lune qui apporte les ténèbres. Un même thème mythique fait souvent de l'un et de l'autre des amants incestueux, frère et sœur dont les rencontres clandestines ont lieu la nuit. Incapable de voir la Lune, le Soleil la marque aux joues pour la reconnaître ce qui explique, pour les Indiens d'Amérique, la présence de taches sombres sur l'astre.
    Dans d'autres mythes, le Soleil et la Lune seraient les têtes coupées d'un homme et d'une femme.
    Pour les Africains, l'orgueil inconsidéré de la Lune quant à sa propre beauté serait à l'origine de ses phases cycliques : excédé, le Soleil l'aurait alors brisée en fragments et la Lune, effrayée depuis, ose rarement se montrer entière.
    <o:p> 

    </o:p>
    De par son ambiguïté propre, c'est pourtant la Lune qui donne lieu au plus grand nombre de légendes. Ses phases signalant sa révolution mensuelle, les hommes l'ont de tout temps utilisée pour modeler l'ordre de l'univers et du temps. Elle ordonne les calendriers, les rituels et les mythes de la vie agricole. Son arrivée symbolise le retour d'une nature sauvage où bêtes et choses peuvent se livrer à leur sabbat nocturne sans être inquiétées des hommes. Elle influence aussi les marées et on lui prête une intimité mystique avec la femme puisqu'elle rythme sa grossesse et ses menstrues, autre mouvement d'eaux primordiales.Mais la Lune est aussi lumière et nombre de poètes ont chanté sa beauté. Néanmoins, on l'a dépeinte sournoise et pleine d'artifices, prompte à tromper puisque derrière son rayonnement apparent se profilent les ténèbres et l'angoisse de l'obscur, de l'inconnu.
    De plus, sa lumière issue du Soleil est indirecte, comme celle de l'étoile, elle ne brille que pour elle-même et n'éclaire rien.
    C'est un paradoxe à elle seule.
    N'a-t-elle pas conduit dans l'Antiquité (et peut-être même encore aujourd'hui) aux plus sinistres inquiétudes lorsque sa présence inopportune (et pourtant familière !) venait bousculer l'ordre des choses ?

    En effet, l'éclipse est l'une des plus éloquentes illustrations de ce que peut être le sentiment fantastique : lorsque la Lune, opère un brusquement surgissement dans la trame du réel et vient voiler pour un instant d'hésitation – le jour reviendra-t-il ? – la lumière et donc la connaissance que nous avons des choses matérielles.

    Si le mythe vise en premier lieu à expliquer le réel en donnant un objet, un visage aux inquiétudes, il en crée de nouvelles en chargeant de symboles contradictoires et solidaires à la fois une figure ou un phénomène familiers tels que la femme et la mort.

    Ligeia

     

      Le sommeil des elfes


    1 commentaire

  • Erzsébet Bathory, la Comtesse sanglante 

    Toutes nos images littéraires de femme fatale sont bien sûr issues des mythes de Méduse et des Sirènes, pour ne citer qu'elles, mais elles ont aussi pour corrélatif historique une femme réelle qui a suscité de nombreuses légendes et s'est fait un nom qui nous évoque les raffinements de la persécution : la Comtesse de sang, le monstre national hongrois, Erzsébet Bathory.
    A l'instar de notre Gilles de Rais, Erzsébet est devenue au XVIIème siècle un personnage mythique, celui de la perverse tueuse à la beauté éternelle.

    La revue littéraire Requiem lui a même consacré un ensemble d'articles édifiants autant sur le plan historique que poétique car ils établissent clairement l'influence d'une telle figure sur la fiction fantastique.
    Toutes les femmes fatales imaginaires doivent plusieurs de leur traits et de leurs paradoxes à la cruelle comtesse car l'Histoire n'a que rarement perpétué l'image de telles femmes.

    On sait d'elle qu'elle naquit en 1560 au sein d'une très illustre famille d'aristocrates hongrois, qu'elle était réputée pour sa merveilleuse beauté mais aussi pour ses exigences et son orgueil et qu'elle fut jugée en 1611 pour les tortures et les meurtres de près de six cent jeunes filles attirées et séquestrées dans son château de Csejthe.
    Elle fut condamnée à la décapitation mais son rang lui permit d'implorer la clémence du roi et elle fut finalement emmurée à vie dans son château où elle mourut « soudainement, sans croix et sans lumière, le 21 août 1914, à la nuit. »[1] 
    Là où la fiction naît de la réalité, c'est lorsque l'on découvre les extraits du procès où sont évoquées l'origine et la nature des supplices que l'on impute à la comtesse et qui s'apparentent plus volontiers à des sacrifices.
    La légende fera le reste pour la faire entrer au panthéon des créatures démoniaques et tentatrices. Les versions les plus poétiques en font un monstre à la vanité dévorante qui se servait de sang humain frais pour onguent de jeunesse et qui dût pour cela créer « la célèbre Vierge de Fer (...) ancien appareil de torture de l'Inquisition (...) la « Comtesse Sanglante » pouvait alors prendre son bain de jouvence et conserver ainsi sa célèbre beauté. »[2] On dit aussi qu'elle fut emmurée avec pour toute compagnie un miroir afin de pouvoir contempler sa beauté désormais déclinante.

    « Cette figure terrible, un des premiers « serial killer » connu, est peut-être d'autant plus spectaculaire qu'il s'agit d'une femme. Et une femme appartenant à la noblesse slave dont le charme romanesque parle à nos imaginations d'enfants du moderne occident. Erzsébet (...) est une icône propre à provoquer le frisson, mais un frisson qui contient à la fois le noir et le blanc, la terreur et le délice. »[3]
    <?xml:namespace prefix = o ns = "urn:schemas-microsoft-com:office:office" /><o:p> </o:p>Cette femme fatale légendaire a inspiré bon nombre d'œuvres littéraires d'inspiration romantique et deux romans qui lui sont entièrement consacrés.[4]
    Mais on en retrouve l'ombre partout où la femme excessivement belle est soupçonnée d'être un suppôt de Satan, puissant et aliénateur.
    <o:p> </o:p>
    Lorsque la séduction raffinée et spirituelle du personnage féminin s'entoure de mystère et devient avide au lieu d'être convoitée, les rôles s'inversent.
    On songe alors à Erzsébet, courtisane implacable, qui voulait élever sa beauté au rang de celle des déesses en se vautrant dans le sang tel un animal qui aurait terrassé sa proie.
    Pour nous, la beauté féminine est l'inverse de la prédation et de la violence.

    Ligeia


    [1] Machecourt, D. « Erzsébet Bathory » Requiem no 7. avril-juin 1998, (p. 22)
    [2] Ibid. (p. 19)

    [3] Silhol, L. Editorial, Requiem no 7 op. cit. (p. 3)

    [4] La Comtesse sanglante de Valentine Penrose (Mercure de France, Paris 1962) et La Comtesse de Sang de Maurice Périsset (Pygmalion, coll. Bibliothèque infernale, Paris 1975)



    votre commentaire
  • §§§§§§§§§§§§§§§§§

    La lune et l'enfance

    « Il est une fontaine à la margelle fleurie
    Autour de laquelle les fées au pied léger dansent en rond,
    Au clair de la lune, elles y baignent les enfants qu'elles ont capturés,
    Pour les débarrasser de leur écorce charnelle et les rendre immortels. »
    (John Fletcher. La Bergère fidèle)

    <?xml:namespace prefix = o ns = "urn:schemas-microsoft-com:office:office" /><o:p> </o:p>Pour l'enfant, la lune est souvent personnifiée, elle symbolise la puissance évocatrice du rêve, les voyages imaginaires sans limites, la frontière encore mince entre deux mondes, celui du réel et celui des songes.

    Dans les plus anciens mythes, la lune est déjà liée à l'enfant par la figure de la déesse Séléné :
    " La divine Séléné-aux-larges-ailes, après avoir baigné son blanc corps dans l'océan, revêtait des vêtements splendides, et s'élevait vers le ciel, emportée sur son char par de brillants coursiers".

    Du berger mortel Endymion, elle enfanta un fils, si « émerveillé des choses » qu'attiré par l'azur de la planète bleue il vint sur terre pour épouser une Fée. Depuis, toute sa descendance ne rêve qu'à la lune.

    On raconte que les enfants de la lune aujourd'hui sont des mortels élus par elle que l'on appelle Lorialets.
    Les Chroniques gargantuines précisent que le Lorialet (ou Lunatique) ne serait qu'un simple mortel enfanté par un caprice de la lune. On le reconnaîtrait à son allure rêveuse et débraillé, son regard enchanté et de fins poils nacrés recouvrant son corps et luisant à la lueur des étoiles.

    « Lorsqu'une femme se dénude à la lune en phase montante, elle s'expose à être Loarée, c'est-à-dire à être fécondée par l'esprit de la lune, et l'enfant naîtra sous son influence. Une femme qui accouche accidentellement dans un champ baigné par ses rayons mettra également au monde un enfant Lorialet- frappé par la lune. Ce Lorialet sera poète, musicien, vagabond ou chercheur de Fées. Il percevra l'invisible, le passé et l'avenir, et ses sentiments s'extérioriseront par la pluie et le beau temps. Comme tous les enfants enfaytés, il ne trouvera pas le bonheur sur terre et fi aura de cesse de courir les chemins lunescents à la recherche des royaumes féeriques. »

    Ligeia


    1 commentaire
  • §§§§§§§§§§§§§§§§§§

    Le mythe de Lilith : altérité féminine du Mal

    Les religions dominantes, masculines, ont été obsédées par la séparation de l'esprit et de la chair, des sauvés et des damnés, du ciel et de la terre ...
    La partie divine est traditionnellement masculine, sainte, bonne et spirituelle alors que la part du Diable est charnelle, basse, séductrice et ... féminine.
    Innana-Ishtar, par exemple, est à l'origine d'une longue succession de femmes fatales dans le mythe. On la retrouve dans les figures bibliques de Judith et Esther mais surtout chez la féroce Sémiramis, reine de Syrie :
    <?xml:namespace prefix = o ns = "urn:schemas-microsoft-com:office:office" /><o:p> </o:p>
    « ...elle était aussi belle qu'insatiable et se servait de ses généraux comme autant d'objets sexuels jetables (...) ambivalente, androgyne, aussi séduisante que violente. Symboliquement, Sémiramis incarne la mante religieuse. »[1]
    <o:p> </o:p>La femme fatale mythique est souvent animalisée car elle représente un Moi primitif et incontrôlable face à l'homme ; rôle subversif que la littérature Fantastique exploitera.
    Mais le thème le plus éclairant de l'héritage culturel d'une image sombre de la femme dans nos mythes et nos sociétés se retrouve au plus loin chez le personnage peu connu de la millénaire Lilith, première femme d'Adam selon les traditions rabbiniques.
    Il est dit que Dieu l'avait faite de glaise à l'égal du premier homme, son époux. Belle et indépendante, elle affirmait à Adam qu'ils étaient tous deux égaux puisque issus de la terre. Le dernier aspect n'était pas pour plaire à l'homme qui, de plus, avait du mal à assumer les ardeurs naturelles liées au désir de son épouse. En effet, Dieu avait utilisé tant de glaise pour lui sculpter des formes généreuses qu'il n'en eut plus assez pour la tête. Ainsi, Lilith portait son sexe sur le front, image symbolique d'un désir fort, affiché (comme le désir masculin), non encore rendu mystérieux et donc inquiétant par l'interdit.
    Le rapport des forces égales conduisait à la confusion des sexes. A défaut d'être assujettie, Lilith fut, dit-on la première (et non la dernière !) femme répudiée de l'Eden pour délit d'érotisme. Déjà par ce mythe, le sentiment religieux s'oppose à la nature dans notre inconscient collectif en renvoyant l'érotisme, pourtant principe de vie et de perpétuation, au statut de péché.
    En conséquence, Lilith n'enfanta jamais car elle était exilée du Paradis et remplacée par Eve, femme soumise issue du côté d'Adam, « créature » donc de l'homme qui l'a engendrée et nommée. Pour se venger de cet affront, on dit que Lilith devint un démon, un ange déchu (le succube) et on assiste là à la première Chute. C'est une Chute de la femme tombée en disgrâce aux yeux de Dieu et des hommes. On dit aussi qu'elle s'attaqua aux objets de son manque, vidant les enfants de leur sang et les hommes de leur essence vitale.
    [2]

    Ainsi, Lilith apparaît comme le symbole même des amours illégitimes, de la sexualité exacerbée, de la femme fatale, de la mère castratrice ; figures liées dans le récit fantastique à la thématique classique de la femme vampire. Le sens du mythe de la tueuse d'enfants conduit à cette réflexion : l'enfant que sacrifie Lilith – aussi odieux et inconcevable que soit ce geste – serait l'enfant en nous, la part de nous qui se complaît dans l'incomplétude et la dépendance.

    A ce sujet, une anthologie de nouvelles très bien faite existe, intitulée "Lilith et ses soeurs ; 17 reflets de la femme obscure ", paru aux éditions de l'Oxymore, 2001.

    Ligeia



     

    [1] P. J-B. Article “L'invention de l'Erotisme” Sciences et Avenir, août 2000. (p. 57)

    [2] Goules, Lamies, Stryges et Empuses sont les avatars mythiques de cette première femme-vampire.


    1 commentaire


    Suivre le flux RSS des articles de cette rubrique
    Suivre le flux RSS des commentaires de cette rubrique