• Dreamworld


    "Il y a, dit-on, un autre monde...
    Le monde des rêves, oui.
    Là où vivent les esprits de ceux qu'on a aimés.
    Là où vivent les anciens dieux, dans une ville cachée dans les couleurs de l'arc-en-ciel...
    Et là où attendent, aussi, nos plus terrifiants cauchemars.
    Certains peuvent le voir, cet autre monde.
    Ce sont les enfants, les poètes, les fous, les suicidés, les amoureux désespérés.
    Ou simplement ceux qui ont refusé de fermer les yeux en grandissant.
    Car on dit aussi que la magie existe tant qu'on croit en elle.
    Et surtout, qu'il n'est jamais trop tard pour la faire renaître..."
    Dreamworld, la dernière œuvre de Sire Cédric publiée en octobre 2007 aux éditions Nuit d'Avril, est composée de neuf nouvelles (dont Muse, Sangdragon et Cross-road que ses lecteurs fidèles connaissent déjà), touchant la fantasy et le romantisme noir. A ceci, ajoutons Cauchemar, Requiem, Babylone, Elfenblut, Conscience et Visonnaires pour les inédits et l'on obtient ce que l'auteur qualifie lui-même comme  « un livre charnière (...) sacrément étrange, oui. Et, pour moi, un livre sacrément important (...) Les meilleures histoires que j'ai écrites à ce jour, les plus importantes à mes yeux, se trouvent ici. Dans ce recueil. Les textes qui m'ont apporté le plus de bonheur à écrire, et dans lesquels j'ai mis le plus de moi, de ce que je suis, de ce que j'ai envie de donner aux autres. »
    Sans pour autant renier la littérature d'horreur classique qui avait influencé Déchirures et Angemort (ses précédents opus), Dreamworld est empreint d'une poésie inédite : son univers flirte autant avec les thèmes de l'enfance et du merveilleux chers à tous puisque partie prenante de notre inconscient collectif qu'avec ceux  de l'érotisme et du macabre.
    En se plongeant dans  Dreamworld, on se délecte de sentir sourdre nos peurs angoisses les plus intimes et irraisonnées, celles que ses héros véhiculent au long de leur parcours, à mi-chemin entre récit initiatique et conte cruel. La plume est incisive, précise, imagée. Les décors s'élaborent comme naissent nos fantasmes, les objets ont une chair, les choses ont une âme, les personnages vivifient leurs songes (ou le contraire...)
    J'avoue avoir un faible pour le somptueux Requiem qui nous transporte dans un univers onirique, puissant, doux et amer à la fois, flirtant doucement avec le mystère des légendes urbaines et des mythes anciens, leur donnant une légitimité et une modernité sans égale.
    Un voyage aux confins de l'intime et de l'universel, de l'immensité des âges à la pulsation infime qui anime chacun. En refermant Dreamworld, on y croit !
    En effet, c'est sur ce point que Sire Cédric a axé sa réflexion d'auteur :
    “La magie existe tant qu'on y croit : Que les enfants, notamment, ont des pouvoirs magiques, et que dès l'instant où les adultes leurs disent d'arrêter de “raconter des bêtises”, ils cessent d'y croire et de fait, la magie cesse elle aussi.”
    Laissons donc la parole à l'auteur...

    «Le ton comme le fond n'ont rien à voir avec mes autres livres. Rien à voir avec le courant horrifique. J'ai pris de sérieuses libertés avec les codes, que je revisite à ma façon. Réinvente, souvent. Ce n'est donc plus du fantastique dans les règles. Pas encore de la littérature blanche... encore que. La violence ici relève du domaine de l'exaltation, de la passion, de ces espoirs insensés que nous nourrissons en secret. »
    Sire Cédric, son site

    Merci à toi pour ces moments hors du temps...
    Bravo à Andy Julia pour la couverture, tellement plus esthétique et proche de l'écriture que celles des précédents ouvrages.
    Si je devais retenir une citation du recueil qui me touche personnellement dans mes recherches comme dans mes attraits, ce serait celle-ci :

    <?xml:namespace prefix = o ns = "urn:schemas-microsoft-com:office:office" /><o:p> </o:p>« Les clefs du cœur féminin sont bien souvent tranchantes, telles la morsure d'un ange... »

    <o:p> </o:p>Ligeia
    <o:p></o:p> 

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  • Affaissement

    J'ai vu le soleil haineux germer ou sombrer
    Dardant sur moi son vert faisceau
    Fugitive vanité<?xml:namespace prefix = o ns = "urn:schemas-microsoft-com:office:office" /><o:p> </o:p>

    J'ai vu la lune insolente peindre la nuit
    Engendrer l'assassin ou les fleurs
    Caresses enfuies

    J'ai senti le doucereux vent de l'oubli si pur
    Entrebâiller mes plaies exsangues
    Fraîches sutures

    J'ai senti la beauté du monde entre mes mains
    Exulter, frénétique et féconde glissade
    Effondrement certain

    Je n'ai pas vu la poussière suspendue à des fils
    Refléter l'aveuglant désordre organisé
    Chef d'orchestre habile

    Je n'ai pas vu que mes yeux choisissaient de la nuit
    Le fluide lunaire le plus envoûtant
    Parfum d'envie

    Je n'ai pas senti l'odieuse et charmante déliquescence
    De ce souffle que l'on s'imagine divin
    Fuite de l'Essence

    Je n'ai pas senti le rongeur avide d'inconscient
    S'acharner sur mes contemplations
    Retour au néant

    Il est déjà trop tard pour voir
    Chaque plaie acceptable et sûre
    Elles suintent seulement au miroir
    Des songes, des mots jetés en pâture
    Et qui sourdent du Moi certains soirs
    Volés à la griffe de la temporelle créature

    Notre étoile tombera, le sais-tu ?
    Un jour ou peut-être une nuit, pourtant
    Comprendrons-nous que nous ne sommes plus
    Où l'étreindrons-nous encore mille ans ?
    Cette cruelle brume de vie évanouie, sans plus
    Dans l'esquisse de nos gestes évaporés au Temps.

    Ligeia


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  • "Un rêveur est celui qui ne trouve son chemin qu'au clair de lune et qui, comme punition, aperçoit l'aurore avant les autres hommes."

    (Oscar Wilde)

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  • Le mythe de Sysiphe
    Fragment de dessin au crayon - Ligeia

    "Et je vis Sysiphe qui souffrait de grandes douleurs et poussait un énorme rocher avec ses deux mains. Et il s'efforçait, poussant ce rocher des mains et des pieds jusqu'au sommet d'une montagne. Et quand il était près d'en atteindre le faîte, alors la masse l'entraînait, et l'immense rocher roulait jusqu'au bas. Et il recommençait de nouveau, et la sueur coulait de ses membres, et la poussière s'élevait au-dessus de sa tête..."


    Ainsi Homère décrit-il le supplice de Sysiphe, condamné à faire rouler une énorme pierre jusqu'en haut d'une montagne, et encore et toujours, indéfiniment.
    Ce supplice éveille des échos dans notre monde moderne : il semble que nous tous soyons condamnés à accomplir des tâches et à les reproduire indéfiniment, pour le seul besoin de les accomplir.

    (Source
    Kulturica)

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  • C'est l'incertitude qui nous charme. Tout devient merveilleux dans la brume.

    (Oscar Wilde)


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