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Deffusion (Métamorphose. sculpture de Bodirsky)
Nous propulse davantage vers le vide deux vies
C'était hier soir et pourtant chaque nuit
Tu n'y a sans doute pas prêté attention
Mais nous sommes tombés en deffusion
Plus rien entre nous,
Ni masque, ni garde-fou,
Que ce que la Nature
Nous a offert pour parure
Sous l'eau ruisselante de la douche,
Crucifiée, pendue à ta bouche
J'attends que tu m'emportes
Que tu ravives les flammes mortes
Mais même nos peaux agglutinées
Compactées, fusionnées, ensemencées
N'ont jamais pu se lester de l'armure
Forgée du mince entrelacs de nos blessures
Que de mots tendres je te noie
Que tes regards me caressent comme soies
Jamais tu n'as su lire dans mes interlignes
Et moi j'ai soigneusement évité les signes
Qui auraient dépecé nos âmes à vif
Faisant converger les trajectoires de nos esquifs
Toi qui dis me connaître sous toutes les coutures
Sais-tu seulement que tu n'étreins que l'ossature
D'une chair qui vibre et frémit, mécanique
D'une poupée qui récite sa leçon, cynique ?
Emmurés dans le carcan des gestes répétés
Suturés de vains désirs animaux anémiés
Nos corps se répondent en une parfaite harmonie
Mais sur la partition usée de l'orgue de barbarie
Nos sentiments assourdis par crainte des tortures
Se seraient-ils éteints par manque de nourriture ?
Et trouverons-nous jamais la clef de nos silences ?
Vers quelles mains, quelles abysses, doit-on se détourner
Pour un jour peut-être mieux se retrouver ?
Toi, mon inconnu, dis-moi que tu y penses
Qu'à l'Amour notre vie fait offense.Ligeia
Tags : solitude, poème, nuit, amour perdu, impudique, deffusion, ligeia
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Commentaires
2NBG / bernardMercredi 13 Juin 2007 à 11:48Commentaire / NBG
Le langage des corps qui fusionnent et s'estompent dans leur indicible illisibilité : image du corps parlant et qui sachant ne saurait trouver que l'écueil de la blessure originelle. Le corps encore comme regard en caresse de soie sur la page blanche de l'éternel souverain, frêle esquif des sentiments qui se délitent au creux de la main... Belles images de ton poème qui emportent ma plume sur un rivage fécond. Mais quel est donc cet inconnu qui doit raviver la flamme morte ? __________________________ "Défier les mots jusqu'à l'absolu Et leur résonance même Au plus profond de l'être" _________________________ NBG / BernardJ'aime bcp...
En réponse à ton commentaire sur mon blogg, me voici sur le tien!lol, j'aime bcp ta plume, les mots, tout s'articule extrêmement bien, ce poème est bien écrit et magnifique, félicitations. Je viendrai te relire sûrement de temps en temps! Bonne continuation!4MorganMardi 21 Août 2007 à 13:35Comprendre
Voilà un magnifique poème. Ne sois pas étonnée que les gens ne te comprennent pas, c'est le problème de "l'intelligence"(enfin d'un esprit affuté), la seule solution est de trouver quelqu'un de complémentaire...5LigeiaMardi 21 Août 2007 à 13:55Incommunicabilité
Une grande souffrance, quasi charnelle pour moi... merci. La complémentarité me fuit ;-)) Ligeia
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Vous me semblez au moins aussi optimiste que moi !! Heureux de vous connaître