• Le Venin. (Illustration de Victoria Francés)



    Le venin
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    «
    Qu'il est divin le vide qui suit la disparition de la peur.»  (Anne Rice. Le violon.)

    Elle s'était longuement, patiemment préparée ce soir,
    Parée de ses plus beaux atours, elle scrutait en vain ce miroir
    Autour de sa beauté, cet écrin de cornaline aux motifs de mandragore
    « Doux végétal à la plus pure des sèves », ricana-t-elle, s'entêtant de fleur de mysore

    Orientale essence qui ruissela de sa gorge à ses seins
    « Oui, il va me désirer, c'est certain... »
    Rictus amer, fiel du remords
    Elle n'a rien fait mais il est là, encore...

    Transition
    Froide effusion
    Au cœur de la nuit, elle le précéda, paupières baissées, vers l'antichambre des vices
    Troublante extase qui l'envahit déjà, dès lors qu'il leva les yeux sur ses artifices

    Peau de nacre, regard ombrageux et félin de ses prunelles d'améthyste
    Une étrange fascination l'avait soulevé et emporté vers elle, sans qu'il résiste.
    Lui, le chasseur, l'amant surdoué, il voulait en faire sa proie et l'initier aux supplices
    Et devant tant de grâce exhalée, il devinait déjà comment la plier à ses désirs délices

    Parfums âcres de l'encens,
    Promesses de muscs plus envoûtants,
    Ils sont là, face à face, dans la chaude et parcellaire clarté des bougies
    Il va la soumettre, pense-t-il, vorace, car la solitaire se détourne soudain de lui

    Tel un rapace éperdu de désir, il fond et s'effondre tout contre elle
    Confusions, contusions, le jeu commence car elle se débat, la belle
    Tout à son excitant combat, il éloigne avec violence, comme un sentiment incongru
    Le frisson étrange et glacé mêlé de désir qui parcourt son épine dorsale depuis qu'il l'a vue

    Quand, à nouveau, leurs regards se percutent, le temps semble s'immobiliser
    Sans parler, la mutine l'enlaisse, du bout des cils : « à moi de te guider... »
    Etrange voix muette venue d'ailleurs qui souffle ses litanies à son oreille
    Obéissant et zélé, le mâle hypnotisé suit sa belle au jardin des merveilles :

    « De tes mains, délace, puis délasse de délices »
    « De ta langue serpentine, glisse, coulisse »
    « De tes mains, de ta langue, inflige de doux sévices »
    « De tout ton être, tu tends déjà vers ce mystérieux calice »

    Le poison des mots s'instille jusque sous sa peau, corps et voix, elle l'envoûte,
    Arc-boutée sur son visage, ondulante comme la flamme du foyer, elle veut qu'il la goûte
    Amateur de saveurs interdites, il la laisse déverser son suc sur ses lèvres entrouvertes
    Il la boit comme il sait si bien déguster la fée verte

    « Oublie, oublie, chante la voix cristalline »
    « Oublie tes peurs puisque si douce est la cyprine... »
    Sous la lourde chevelure parsemée de nacres qui le caresse à présent,
    Il ne voit pas tout de suite la peau, ambre douce et lisse, désirée si longtemps,

    Soudain délétère, se nécroser, se tendre et s'avilir
    Pour enfin la trahir
    Devant le regard médusé de son amant se dévoile sa nature
    « Vite, que l'instant - extase succède à l'horreur ! » prie l'impure

    Pathétique prière, à qui ? Pour qui ?
    Pour elle qui prend des vies ?
    Il y a si longtemps qu'ont germé en elle les graines de ce Mal
    Il croît et se renforce comme une lèpre avide, animale

    Pour ne pas vieillir
    Pour ne pas mourir
    Au terme de la danse éternelle des amoureux de l'ombre
    Elle dévoile enfin ses dents, perles ivoires que jamais elle ne montre

    Pour les enfoncer dans le fin réseau bleu qui palpite à la gorge figée de son amant
    Larmes d'extase et de rage mêlées, elle se délecte alors de la saveur métallique du sang,
    Sa sève, sa plaie originelle,
    La vie coule à nouveau en elle,

    Vide divin, toute peur enfuie,
    Pour elle, pour lui,
    Le doux venin de l'oubli.

    Ligeia

    <o:p>Ce texte existe sous la forme d'une nouvelle en prose plus longue... avis aux personnes intéressées.
    </o:p>

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  • Commentaires

    1
    Dimanche 22 Juillet 2007 à 17:39
    merci
    merci de ta visite! vos textes sont extras! on voit que je suis partie en scientifique!!! lol j'essaie de structurer mes textes, faire des effets de repétitions etc... pas autant de vocabulaire que vous et surement beaucoup plus de temps aussi pour les écrire. (beaucoup de brouillons) à bientot. la fée des vens du large...
    2
    Dimanche 22 Juillet 2007 à 21:04
    Bonsoir
    Et merci d'être allée dénicher ce premier texte. ça me fait très plaisir. J'espère que ce premier lien inaugure de nombreux échanges. Belle soirée. Ligeia
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