-
Par
ligeia77 dans
Mes Textes et Poèmes le
4 Juillet 2007 à 17:15
Mélancolie lunaire
<?xml:namespace prefix = o ns = "urn:schemas-microsoft-com:office:office" /><o:p></o:p>Crépuscule,
Douce heure des contemplations solitaires
Au-delà des cimes à peine découpées dans le manteau sombre des ténèbres, la pleine lune émergeait de son sommeil maladif, rouge ambrée,
Menaçante ou blessée...
Je l'ignorais
Fermant mes yeux aux rares étoiles qui s'allumaient une à une, j'attendais sa rédemption, sa lumière froide et glacée qui me faisait revivre,
J'attendais que le brouillard m'enlace et me glace,
J'attendais la visite impromptue de quelque être nocturne
Une brise spectrale me fit enfin palpiter. Sans dévoiler mes prunelles impatientes, je levais mes doigts et dessinais très lentement les contours d'une présence désirée sur la toile du vide nocturne.
Dans le sillage de mes empreintes, j'imaginais alors engendrer le tissu marmoréen d'une peau
Lèvres pincées et paupières closes, j'ombrais et soulignais avec application les reliefs de ce corps amoureux.
Mon esprit, enfiévré par le globe écarlate de mon astre malade, ne parvenait pas à disposer les nuances de couleurs, ses couleurs... palette de pourpre et d'or, comment faire ?
Mon œuvre se dévoilera-t-elle face à moi à la clarté blafarde de ma lune adorée ?
Attendre encore, respirer avec nostalgie la froideur spectrale des lieux,
Sous mes pieds humides de rosée parfumée, je sentais la puissance de cette terre qui m'avait enracinée il y a si longtemps ; et, dans ses entrailles, la sarabande effrénée et métallique de ses hôtes invisibles, patients artistes des métamorphoses.
Frémissement des feuillages, senteurs enivrantes des marécages, viscérale communion ... mon être glacé s'électrisa
Instant intime et onirique quand l'artiste rencontre son œuvre ressuscitée
En une ultime et païenne prière, j'adressais à la lune mon ode des douleurs :
« Sois mon pinceau cette nuit, revêts son corps de ta lumière diaprée, de tes clairs-obscurs violets et blafards... »
Devant mes prunelles avides qui émergeaient enfin de leur cellule d'opale, apparut furtivement la silhouette chérie.
Il est là, je l'ai rejoint ? Il m'a rejointe ? Peu importe... la lune bénie l'habille enfin de son éclat mauve et glacial, mon regard coule sur sa peau en ruisseaux miroitants, l'effeuille patiemment de ses nuées de brume, remonte, ravivé, jusqu'à ses bras tendus, ses lèvres si douces, ses yeux...
Deux sentinelles froides et immobiles me fixent, crûment, impitoyablement.
Tout autour, le fantôme fragile de ce corps que j'ai aimé et sculpté indéfiniment dans toute matière, dans tout songe, a été balayé, emporté dans un souffle de vent sinistre jusqu'au firmament.
Ces fenêtres livides sont bien les siennes, celles de sa demeure, la seule lumière qui me le rappelle désormais avec celle de la lune.
Il est là, c'est vrai, emmuré dans ce château, sur l'autre rive, celle des vivants.
Parmi les éclats lunaires qui parsèment le décor, j'éclate bientôt en mille visages évanescents et je souris face à mon éternité.
Jusqu'à la fin des temps...
Ligeia
Ce texte existe sous la forme d'une nouvelle plus longue... avis aux personnes intéressées.
Tags : art,
poème,
mort,
nuit,
peintre,
yeux,
tristesse,
lunaire,
château,
mélancolie,
fantôme
-
pour ta visite sur mon blog. A mon tour de visiter le tien et j'avoue qu'il me plait bien. Je suis heureuse que mon texte t'ai donné le sourire. Je te souhaite une bonne soirée et à bientôt.