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    "Lèvres ! Lèvres ! Baiser qui meurt, baiser qui mord. Lèvres, lit de l'amour profond comme la mort !"

    (Albert Samain)

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    Des silences trop forts 


    Silence banal,
    Du petit matin jusqu'au soir
    Fuyante, elle évite les miroirs
    Elle n'y voit que les masques de la bête
    Jamais le visage désiré qu'elle guette
    Sur les reflets trompeurs que superpose le mal


    Silence normal,
    De sa bouche bée, de son regard figé
    Sur son être dévoyé, scarifié, mutilé
    Elle projette des dégoûts sans concessions
    Des stigmates cauchemardés d'imperfection
    Réelle ou fantasmée, l'image est brutale
     

    Silence animal,
    Une envie d'ailleurs, de combler un vide infini
    Une envie d'être autre jusqu'à l'androgynie
    Pour remplir son cœur rendu exsangue
    Remplir son corps à grands coups de langue
    Devient un besoin brut, primaire et bestial
     

    Silence viscéral,
    Ses ennemis, elle les voit là, blancs et froids
    Parlant à son être automate sans plus d'émoi
    L'imposant tabernacle des pièges tentateurs
    Et derrière la porte close, la cuvette aux horreurs
    Déversoirs uniques de ses tortures lacrymales
     

    Silence fœtal,
    Volupté timide de l'instant où le corps rend les armes
    Puis plus rien n'a de goût autre que celui des larmes
    Les flux et reflux de poisons au creux de ses chairs
    L'aveuglent d'échos d'absence en nausées solitaires
    Prostrée dans son sanctuaire, son univers carcéral
     

    Silence létal,
    Ses mains sur sa gorge, serrées en calice
    Ni dedans ni dehors, son circuit d'immondices
    Un cercle de vices, murs blancs, portes closes
    Yeux fermés, la mort surgira si jamais elle ose
    En or exquis, la délivrer de son antre infernal
     

    Silence fatal
    Demain reviendra avec son cortège d'espoirs déçus
    Faire cruellement miroiter tout ce qu'elle n'a pas pu 
    Tous les feux limpides qui manquent à ses envies
    La reléguer encore dans l'angle mort de sa vie
    Trop de silences, trop forts, une histoire banale.

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    "Attendre, espérer... le silence... si dure torture, si grande blessure."

    (Sophie Prad)


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    La dernière forêt


    (tableau de Max Ernst. 1870)
     

    La dernière forêt se dresse, imposante et fière
    Elle inquiète et fascine telle un visage sans yeux
    Fil des entrelacs de ses membres mystérieux
    Les formes torturées qui se délitent et errent


    Pas l'ombre d'un regard en profondeurs intimes
    Où la nature grouillante se fait presque charnelle
    Où la surnature jaillit furtive et si belle
    Des racines momifiées aux ardentes cimes


    La dernière forêt se dresse, imposante et fière
    Impénétrable, avide, polie en miroir
    C'est elle qui décide qui pourra s'y voir

    Pas l'ombre d'un regard en profondeurs intimes
    Mais à la croisée mobile où nul ne s'arrime

    L'astre percé nous saisit en orbe, scrutateur


    <?xml:namespace prefix = o ns = "urn:schemas-microsoft-com:office:office" /><o:p>Ligeia</o:p>

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    "Le rêve est une seconde vie. Je n'ai pu percer sans frémir ces portes d'ivoire ou de corne qui nous séparent du monde invisible." 

    (Gérard de Nerval)

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