• Maufatan

    Il était noir, lou Maufatan
    D'un noir lustré et sans défaut
    Narguant le jour lui-même, fier taureau
    Tâche sombre cornée d'arcs de lune sous le soleil écrasant

    On l'appelait lou Maufatan
    Car dans son œil impénétrable
    Les vieux voyaient un trait du diable
    Un reflet païen de Styx ou la lueur d'un fer malfaisant

    Il semblait seul, lou Maufatan
    Quand le troupeau rejoignait la manade
    Altier guerrier posté au crépuscule grenade
    Son regard glacial de statue fixant la ligne d'un horizon menaçant

    Même au mistral, lou Maufatan
    Il ne plissait pas ses yeux étranges
    Fi des légendes, dieu, diable ou ange
    Dressé en sentinelle de la Camargue au cœur odorant

    Ils l'ont pris, ce Maufatan
    Comme les autres massives bêtes
    Pour jouer l'amère comédie des conquêtes
    Des hommes avides de fièvres, de sueurs et de sang

    Prisonnier de l'arène, lou Maufatan
    Chair sauvage piétinante, ivre de cris et de passes
    Jamais n'a courbé l'échine, s'acharnant sur place
    Encore debout dans la poussière rouge le maculant

    Face à son regard, un instant,
    Le torero lui-même a suspendu son geste
    C'étaient bien là le fer et le velours de lumière funeste
    Que l'animal fixait depuis toujours dans les lueurs carminées du couchant

    En veillées provençales, on raconte encore souvent
    Ce conte cruel aux oreilles attentives des gamins
    D'une bête qui toute sa vie eut la prescience de sa fin
    Rien de malfaisant qu'une douleur humaine au cœur du sombre Maufatan.

    <?xml:namespace prefix = o ns = "urn:schemas-microsoft-com:office:office" /><o:p> </o:p><o:p>Ligeia</o:p>

    6 commentaires
  •  

    "L'enfer, je l'ai toujours imaginé dans la continuation indéfinie de la sensation qui a plu d'abord et finit par devenir torture."

    (Alexandra David-Neel)<?xml:namespace prefix = o ns = "urn:schemas-microsoft-com:office:office" />

    4 commentaires

  • La Nixe, nymphe des eaux mortes

    Elle hante de reflets phosphorescents les mares et les étangs où elle vient se baigner sous les rayons de lune.

    « J'ai rencontré une dame dans la prairie,
    Dame très belle, fille des fées,
    Sa chevelure était longue et légers ses pas,
    Et ses yeux étaient fous. »

    John Keats (La Belle Dame sans merci)

    La Nixe est une forme d'Ondine particulièrement maléfique car elle prend l'apparence fatale d'une femme merveilleuse bien réelle qui vient séduire les jeunes gens lors des bals nocturnes.
    On reconnaît la Nixe au bas de sa robe qui demeure mouillé. Mais le garçon enchanté n'a souvent pas l'idée d'en tâter l'ourlet et se retrouve vite pris au piège des eaux où elle l'entraîne jusqu'à la mort. On raconte que la nuit la plus dangereuse où les Nixes viennent chercher leurs proies est celle de la Saint Jean. Cette nuit-là, on dit aussi que les salamandres engendrées par les flammes des hommes accompagnent les nixes dans leurs chasses. A minuit, au paroxysme des sortilèges et des enchantements, l'eau des fontaines se change en vin, les cailloux en pains, les sorcières courent la lande entièrement nues pour cueillir l'Herbe de la Saint-Jean ou millepertuis (plante magique et guérisseuse). A l'aube, chaque fée saoule de fêtes, se roule dans la rosée éclairée des premiers rayons solaires. Elle garde ainsi jeunesse et beauté. 

    Les Nixes rejoignent alors leurs eaux  stagnantes lestées de leurs proies.  Cependant, grâce au pouvoir bénéfique de leurs larmes, un bain dans l'étang d'une Nixe à l'équinoxe de printemps apporte beauté et éternelle jeunesse.

    <?xml:namespace prefix = o ns = "urn:schemas-microsoft-com:office:office" /><o:p></o:p>

    4 commentaires
  •  

    Ma belle Ondine

    À ta source cristalline
    J'ai plongé tant de regards,
    Oh Divine ! Beauté limpide
    Miroir de maints espoirs.
    J'aimerais, exquise ondine
    Noyer par toi, ce cœur avare
    Y tremper toutes mes épines
    Par toi connaître, l'ultime extase.

    Je ne suis que frêle aubépine
    Juchée par le hasard
    Sur les bords d'une ravine
    Attirée par ton nectar,
    J'ai soif de toutes mes racines
    Prisonnier dans ce terroir,
    La vie cruelle, ne me destine
    Qu'au rare lait, des nuages noirs.

    Ton eau, me serait divine
    Elle est telle, une mine d'or
    Pour survivre comme mes frangines
    J'ai besoin de tes trésors.
    Je me sens triste orpheline
    Isolée sur ce rebord,
    Une inflexible figurine
    Qui espère tes raccords.


    Jean-Maurice Chaput


    2 commentaires
  •  

    Les Ondines


    Fées des fontaines et des cascades, elles se baignent nues en onde pure, démêlent leur longue chevelure avec des peignes d'or ou d'ivoire. En jours radieux, à l'abri des regards des mortels, ou lors des nuits clémentes de l'été, elles apparaissent, fugitives, pour charmer de merveilles l'âme du poète à leur recherche.
    En Norvège, l'Ondine se nomme Fossegrim, elle est haute de trente centimètres seulement et enchante les cascades des reflets de ses cheveux d'or et de ses mélodies.
    En Russie, la Roussalka aime à se peigner en contemplant longuement son reflet à la surface des eaux vives. La Vodianoï en revanche arbore d'horribles cheveux verts en écho à la figure de Méduse et son corps est marqué de cyanoses, gonflé comme les cadavres des noyés.
    Qu'on l'appelle nymphe ou ondine, la créature des eaux douces est souvent paradoxale car son charme peut guérir ou emprisonner en double fond. Les cheveux parfois blonds parfois verts de mer, les yeux de corail, les yeux également verts étincelants.    

    Au Pays de Galles, les Ondines sont aussi des Esprits aquatiques, de merveilleuses Fées des Eaux qui prennent parfois des mortels pour époux.

    <?xml:namespace prefix = o ns = "urn:schemas-microsoft-com:office:office" /><o:p>ondine riviere</o:p>

    Légende des rivières :
    Jadis au matin du jour de l'an, une porte s'ouvrait dans un rocher au bord d'un lac du Pays de Galles et ceux qui osaient y entrer découvraient un passage secret menant à une petite île au milieu des eaux. Ils se retrouvaient alors dans un merveilleux jardin habité par des Ondines qui leur faisaient fête, leur offraient toute sorte de fruits, fleurs et leur faisaient entendre une musique délicieuse. Les Ondines révélaient à leurs visiteurs mille secrets étonnants et les invitaient à rester à leur gré. Néanmoins, l'île devait rester ignorée et rien ne pouvait être emporté. Un jour il arriva qu'un de ces visiteurs mit dans sa poche une fleur qu'on lui avait offerte, croyant qu'elle lui porterait chance. Mais à l'instant précis où le voleur mit le pied sur la terre « profane », la fleur disparut et l'homme perdit connaissance. Les Ondines firent leurs adieux aux autres visiteurs avec leur courtoisie habituelle, et depuis ce jour la porte du jardin merveilleux est à jamais fermée.<o:p>ondine oiseau</o:p> 

    Légende des fontaines :
    On dit que l'eau des fontaines est alimentée par les larmes des Naïades ou Ondines mais qu'elle peut se tarir lorsque celles-ci s'estiment offensées. Elles aiment recevoir en échange de l'eau puisée, de menues offrandes (guirlandes de fleurs, tissus, morceaux de pain, pièces de monnaie, tessons de verre qui vont scintiller comme des trésors.) En forêt de Brocéliande, là où Merlin avait séduit la fée Viviane, les enfants ont coutume de se rendre chaque dimanche à la fontaine du village de Barenton. A chaque objet jeté par un enfant qui croit aux fées, une multitude de bulles sourd de la vase et éclate à la surface en gerbes cristallines. On raconte alors que la fontaine rit du rire de milliers d'ondines bienheureuses qui s'y baignent voluptueusement.

    Documentation d'après Edouard Brasey (Démons et Merveilles. 2002)


    2 commentaires